Ξ  

 

 Sobre a Deficiência Visual

L'Apprentissage de la Marche chez l'Enfant non-voyant ou malvoyant

Institut Nazareth et Louis Braille

 

Quelle étape cruciale! Quel moment magique que celui où l'enfant fait ses premiers pas! En tant que parents, nous avons tous hâte à cette première manifestation d'indépendance et d'accomplissement. C'est une étape symbole, c'est le grand défi du petit humain. L'enfant est fier et nous sommes fiers de lui!

Mon enfant a une déficience visuelle, à quel âge marchera-t-il? Nous savons qu'il y a chez tous les enfants des variantes individuelles qui dépendent de la personnalité de l'enfant, de sa maturation, de son milieu culturel, de son hérédité. L'enfant voyant marche en général entre 11 et 18 mois. Au-delà, on le surveille de plus près pour s'assurer qu'il évolue bien.

Chez l'enfant non voyant, les diverses études épidémiologiques ou comparatives situent l'acquisition de la marche autonome un peu plus tard que chez l'enfant voyant, soit entre 16 et 22 mois (Adelson 1974, Ferrell 1990 et 1998, Levtzion-Korach 2000), jusqu'à 2 ans.

Dans la littérature où l'on parle du développement moteur de l'enfant non voyant, les auteurs ont observé que les activités statiques comme le contrôle de la position érigée de la tête, le maintien de la position assise et la station debout à l'aide d'un appui se développent au cours de la première année comme chez l'enfant voyant. Ceci témoigne de la maturation neurologique, bien que celle-ci soit influencée par l'utilisation, chez l'enfant non voyant, de certains circuits neurologiques différents du voyant puisqu'il ne peut compter sur ses circuits visuels.

Les activités qui impliquent des changements de position dans l'espace comme s'asseoir seul, se déplacer à quatre pattes et marcher sans appui, sont maîtrisées un peu plus tard à cause de tout ce qu'elles impliquent comme adaptation à l'espace non vu ou mal perçu.

Explorons ensemble ce qu'implique l'acquisition de la marche chez l'enfant ayant une déficience visuelle.


Qu'est-ce que marcher?

C'est l'aboutissement d'un long processus de maturation physique et mentale. C'est accepter de jouer constamment à défier la gravité - entre équilibre et déséquilibre.

Marcher, pour tous les bébés, c'est:

  1. faire confiance à l'environnement

  2. se faire confiance

  3. être curieux

  4. aimer bouger dans l'espace

  5. comprendre son environnement

Imaginez alors le processus pour le bébé qui a une basse vision ou qui présente une cécité totale. Examinons ensemble les différents défis que le nourrisson qui présente une déficience visuelle doit relever pour s'élancer seul dans l'espace.


1. J'apprends à faire confiance à mon environnement

Au début de sa vie, l'univers des sensations que l'enfant reçoit et qui l'informe sur ce qui se passe autour de lui n'est accessible au bébé que par les autres. C'est en effet son entourage qui le caresse, l'apaise, le réconforte quand il a faim ou a mal; ce sont ses proches qui chantent, lui parlent, le transportent, le bougent. « J'aime quand papa me fait bondir à bout de bras pour me faire voler et quand maman me masse après mon bain. »

Peu à peu, il apprend qu'il y a des sensations agréables et désagréables. « La voix de maman est douce mais le bruit de l'aspirateur me fait peur. Ce n'est pas grave car alors je pleure et papa vient me prendre ou bien maman m'explique c'est quoi le gros bruit qui ne fait pas mal. »

« J'ai confiance en mes parents qui m'expliquent ce qu'il y a autour de moi, qui me font toucher, écouter, sentir, bondir, voyager dans ma maison et à l'extérieur. Peu à peu, j'apprends à reconnaître mon lit douillet, le tapis rugueux, le plancher dur et froid, ma balançoire, le bain, ma chaise haute par-dessus et par-dessous, le fauteuil, etc. Mes parents me disent où je suis et m'aident à comprendre les objets que j'entends, que je touche, que je goûte. Il y en a qui goûtent mauvais, on ne m'y reprendra plus! »


2. Je me fais confiance

« Mes parents m'aiment et me protègent mais ils m'encouragent aussi à faire des prouesses par moi-même, comme tenir mon biberon, jouer sur le ventre sans pleurer. Je proteste parfois car c'est difficile d'apprendre à m'asseoir seul, à me protéger avec mes mains au sol pour ne pas me cogner le nez quand je vais pour tomber, à me placer à quatre pattes. »

« Mes parents viennent me délivrer si je suis en mauvaise posture et me font pratiquer comment changer de position si je n'y arrive pas seul. Ils ne le font pas à ma place, ils m'aident. Ils me font aimer les roulades et les vols planés! »

L'enfant a besoin d'explorer toutes les positions du corps pour les sentir, les apprivoiser, les maîtriser:

tête en haut ou en bas?

bras plié ou allongé?

corps penché ou tourné?

Comment peut-il le savoir? Par ses « récepteurs posturaux »:

L'œil nous informe constamment de notre position dans l'espace. Lorsqu'il n'y a pas de vision, d'autres informateurs prennent le relais:

L'oreille et ses canaux semi-circulaires qui fonctionnent comme le niveau du menuisier nous indique la position de notre tête dans l'espace.

Les articulations, muscles et tendons sont truffés de capteurs de pression, d'étirement etc., qui nous font sentir en permanence la position de chaque partie du corps, du degré de tension dans chaque muscle.

La peau est aussi un capteur important de pression, d'appui, de température, etc.

« Plus mes parents s'amusent à me pencher, me relever, me tourner, me faire sauter, plus j'apprends les sensations de mon corps. Mais je dois aussi apprendre à le faire moi-même, c'est une tout autre chose! Quand je suis assis et que j'entends mon jouet rouler trop loin, j'ai peur de me pencher et de tomber. Mes parents doivent m'aider à le faire très souvent car j'ai particulièrement peur de me pencher et de me tourner, j'apprends la confiance en moi et je suis fier de le faire seul. »

Les réactions posturales sont des mouvements automatiques qui nous protègent des chutes et nous gardent en équilibre dans l'espace. Elles se développent au fur et à mesure de la maturation du cerveau et des expériences de l'enfant:

Les réactions de redressement de la tête et du corps dans l'espace nous aident à nous réaligner quand on se tourne ou se penche.

Les réactions de protection nous encouragent à tendre le bras ou la jambe en avant, de côté ou en arrière pour nous protéger des chutes.

Les réactions d'équilibre nous ramènent dans l'axe du corps et nous maintiennent à la verticale.

« Si je me penche pour ramasser mon jouet, j'ai appris à relever ma tête, à me retenir avec mon bras en avant et à me redresser si je me sens partir. Si je n'ai pas assez pratiqué, je tombe, mais je n'ai pas mal car mes parents m'ont aménagé un petit coin moelleux pour pratiquer mes exploits: un matelas où je pratique mes roulades et mes balancements à quatre pattes, le tapis du salon où j'apprends à m'agripper au fauteuil et me lever, mon lit où j'utilise les barreaux pour me hisser debout.

« Non contents de me voir me tenir assis, à quatre pattes ou debout, mes parents m'apprennent à me pencher, à me tourner, à m'étirer, à aller vérifier ce qu'il y a plus loin. Ah c'est de l'ouvrage être un bébé, il faut toujours bouger! Mais j'aime ça car au lieu de rester dans mon coin, j'ai découvert qu'en bougeant je trouve des endroits interdits comme la terre des pots à fleurs, les disques compacts! »


3. Marcher c'est être curieux

Marcher ce n'est pas mettre un pied devant l'autre, c'est progresser dans la connaissance de ce qui nous entoure, c'est accéder à l'endroit convoité.

« C'est aller trouver maman qui est occupée ailleurs, c'est aller toucher au bruit que j'entends, c'est découvrir des coins inexplorés ». Mais cette exploration se prépare.

« Comme mes parents m'ont appris qu'il y a tout un univers autour de moi et que je peux y accéder si je le veux bien, je n'ai plus qu'à avancer. Je progresse d'abord en roulant au sol et je trouve des obstacles que j'explore où je crie pour qu'on me dise où je suis. Je ramperai peut-être sur mon ventre d'avant ou à reculons en me poussant avec mes bras sur un plancher glissant. Je pourrai cogner avec mes pieds pour écouter le bruit de l'obstacle que je rencontre (c'est très amusant si j'ai des bottines qui frappent sur la poubelle de métal.) Je pourrais aussi pivoter sur mon ventre pour la taper avec mes mains.

« Il se peut que je ne veuille pas marcher à quatre pattes surtout si je ne vois pas du tout, ce n'est pas une position qui me donne le goût d'explorer. J'ai bien trop hâte de me lever debout. Une chance que mes parents ont insisté un peu pour que je sache me mettre à quatre pattes tout seul car alors j'ai appris à partir de cette position à m'asseoir seul et à me tirer debout pour aller attraper ce que j'entends ou aperçois sur le fauteuil. Ce n'est pas tout, le jouet est à l'autre bout du fauteuil, je dois me déplacer pour le trouver! Le pire c'est que mes parents veulent que j'y aille seul mais j'avais tellement le goût de l'attraper que j'y vais avec les mains de papa qui m'encouragent et m'y poussent. »


4. J'aime l'ESPACE

« Vers le haut, j'ai découvert que je pouvais grimper l'escalier à quatre pattes. Vers le bas, j'ai presque piqué du nez en bas du fauteuil, mais ma mère m'a attrapé à temps, elle m'a montré comment redescendre à reculons. Vers l'avant, je progresse avec mon trotteur allègrement, mais ma mère me tient un peu car j'ai peur. Vers l'arrière, je me pratique assis sur mon camion qui roule, je me pousse avec mes pieds, je m'agrippe fort à ce que mon père appelle un volant.

« Quand mon camion frappe un obstacle, on y touche ensemble et mon père m'explique ce que c'est. Je fais des culbutes qui me font rire, je me balance et je glisse au parc sur les genoux de mon frère. »


5. Comprendre l'environnement

À force de se déplacer, d'écouter, de toucher, l'enfant apprend la structure de son environnement. Avec la maturation du cerveau et l'expérimentation, il peut faire confiance à son corps et comprendre où il se situe dans l'espace. Il commence à laisser l'appui des mains lorsqu'il joue debout près du fauteuil, lorsqu'il tourne les boutons du système de son ou qu'il fouille dans la poubelle pendant qu'on est occupé.

Il sait ce que signifie cuisine par les odeurs, la chaise où il mange, le frigo où il va chercher son jus avec son parent. Il sait se rendre à la salle de bain, au lit si douillet de ses parents, à sa chambre où est son coffre à jouets. Son environnement familier n'a plus de secret pour lui, ne lui fait plus peur.

Il est prêt à marcher tenu d'une main, d'un doigt, d'un encouragement, d'un bravo!

Son âge? Celui de la confiance.
 

ϟ


[tiré du site Institut Nazareth et Louis Braille]
Fonte do texto: BlindLife

Δ

2.Abr.2011
publicado por MJA