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1519

Comment Eulenspiegel donna douze florins à
douze
aveugles, à ce
qu’ils crurent, lesquels les
dépensèrent et après s’en
trouvèrent très mal.
Comme Eulenspiegel passait son temps à courir le pays çà et là, il revint une
fois à Hanovre, où il fit beaucoup de choses singulières. Un jour qu’il se
promenait à cheval en dehors de la ville, il rencontra douze aveugles. Quand il
fut près d’eux, il leur cria : « D’où venez-vous, les aveugles ? »
Les aveugles
s’arrêtèrent et entendirent bien qu’il était à cheval. Pensant que c’était un
honnête homme, ils mirent chapeau bas et dirent : « Cher seigneur, nous venons
de la ville, où nous étions allés pour les funérailles d’un homme riche, où l’on
donnait à manger et faisait l’aumône ; mais il y faisait bien froid. »
Eulenspiegel leur dit : « Il fait un froid terrible ; je crains que vous ne
geliez. Tenez, voilà douze florins. Retournez-vous-en dans la ville, à l’auberge
d’où je viens. » Il leur indiqua l’auberge et ajouta : « Vous dépenserez les
douze florins en mon honneur. Cependant l’hiver se passera et vous pourrez vous
mettre en route sans craindre le froid. »
Les aveugles s’inclinèrent et le
remercièrent de leur mieux. Chacun d’eux croyait que l’autre avait l’argent. Le
premier croyait que c’était le second ; le second, que c’était le troisième, et
ainsi de suite jusqu’au dernier, qui pensait que c’était le premier. Ainsi ils
s’en allèrent à l’auberge qu’ Eulenspiegel leur avait indiquée. Étant arrivés,
ils dirent qu’un homme bienfaisant leur avait donné douze florins pour l’amour
de Dieu, et leur avait dit de les dépenser à sa santé en attendant que l’hiver
fût passé. Cet argent tenta l’hôte ; il accueillit les aveugles sans demander
lequel d’entre eux avait l’argent, et leur dit : « Oui, mes chers frères, je
vous traiterai bien. » Il leur donna à boire et à manger et les hébergea
jusqu’au moment où il pensa que les douze florins étaient dépensés. Alors il
leur dit : « Chers frères, voulez-vous que nous comptions ? Les douze florins
seront bientôt dépensés. » Les aveugles dirent qu’il avait raison, et ils se
mirent à dire : « Paye, toi qui as les douze florins. » Mais aucun d’eux ne les
avait. Les aveugles se grattaient l’oreille, voyant qu’ils étaient trompés.
L’aubergiste de même, qui se disait : « Si tu les laisses partir, tu ne seras
pas payé ; si tu les gardes, ils feront encore de la dépense et n’auront pas
davantage de quoi payer ; ta perte n’en sera que plus grande. » Là-dessus, il
les mena derrière sa maison, dans un toit à porcs, et leur donna de la paille et
du foin.
Cependant Eulenspiegel avait calculé que le temps devait être venu où les
aveugles auraient dépensé l’argent. Il se déguisa et s’en vint à cheval se loger
dans cette auberge. En arrivant dans la cour, et comme il voulait mettre son
cheval à l’écurie, il vit les aveugles dans le toit à porcs. Il entra dans la
maison et dit à l’aubergiste : « Monsieur l’hôte, à quoi pensez-vous, de mettre
ainsi ces pauvres aveugles dans cet endroit ? N’avez-vous pas pitié de ces
pauvres gens ?
– Je voudrais, dit l’hôte, qu’ils fussent au diable, si seulement
j’étais payé de la dépense qu’ils ont faite ! » Et il lui raconta de point en
point comment il avait été trompé par les aveugles.
Eulenspiegel lui dit : «
Comment, Monsieur l’hôte, vous n’avez trouvé personne pour répondre d’eux ? »
L’hôte pensa en lui-même : « Ah ! si j’avais un répondant ! » et il dit : « Mon
ami, si je trouvais une bonne caution, je l’accepterais, et je lâcherais ces
maudits aveugles.
– Eh bien ! dit Eulenspiegel, je vais chercher par la ville
jusqu’à ce que je trouve un répondant. » Là-dessus il s’en alla trouver le curé
et lui dit : « Monsieur le curé, voulez-vous faire une bonne action ? Mon hôte
est depuis cette nuit possédé du diable, et je viens vous prier de l’exorciser.
– Volontiers, dit le curé ; mais il faut que j’attende un jour ou deux. Il ne
faut pas trop se hâter en ces matières.
– Je vais aller chercher sa femme, dit
Eulenspiegel, pour que vous le lui disiez à elle-même.
– Oui, dit le curé,
faites-la venir. »
Eulenspiegel retourna chez son hôte et lui dit : « Je vous ai
trouvé un répondant ; c’est votre curé, qui vous promettra de vous donner ce
qu’il vous faut. Envoyez votre femme avec moi, il le lui dira. »
L’aubergiste
accepta avec joie et envoya sa femme avec Ulespiègle auprès du curé.
Eulenspiegel dit : « Monsieur le curé, voici la femme, dites-lui ce que vous
m’avez promis. »
Le curé dit : « Oui, ma chère dame ; attendez un jour ou deux,
et je me charge de la chose. »
La femme fut contente. Elle s’en retourna avec
Eulenspiegel et dit cela à son mari, qui en fut joyeux et laissa partir les
aveugles et les tint quittes.
Eulenspiegel monta à cheval et s’en alla. Le
troisième jour, la femme alla trouver le curé et lui rappela sa promesse
relativement aux douze florins que les aveugles avaient dépensés.
Le curé lui
dit : « Chère dame, est-ce là ce que votre mari vous a dit ? – Oui. – C’est le
propre des mauvais esprits de vouloir avoir de l’argent.
– Il ne s’agit pas de
mauvais esprits, dit la femme ; payez-lui la dépense.
– On m’a dit, répliqua le
curé, que votre mari était possédé du diable. Amenez-le moi ; je l’en
délivrerai, avec l’aide de Dieu.
– C’est ainsi que font les fripons, qui disent
des mensonges au lieu de payer. Tu verras bientôt si mon mari est possédé du
diable ! » Elle courut chez elle et raconta à son mari ce que le curé avait dit.
L’aubergiste saisit une broche et courut au presbytère.
Le voyant venir, le curé
appela ses voisins au secours, fit le signe de la croix et cria : « À l’aide,
chers voisins ! voilà un homme qui est possédé du diable.
– Prends garde, curé,
dit l’aubergiste, et paye-moi ! »
Le curé faisait des signes de croix.
L’aubergiste voulait le battre. Les voisins intervinrent et purent à grand peine
les séparer. Depuis ce temps, et tant que vécut le prêtre, l’aubergiste lui
réclama la dépense, et le prêtre dit qu’il ne devait rien, et que l’aubergiste
était possédé, mais qu’il l’exorciserait bientôt. Cela dura tant qu’ils vécurent
tous les deux.
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Till
Eulenspiegel é filho de um camponês. Após a prematura morte do pai, em
vez de seguir o desejo materno de aprender um ofício,
torna-se um saltimbanco - um andarilho que ocasionalmente arranja
trabalho. Basicamente Till procurava ganhar a vida através do trabalho
alheio e da própria astúcia. Passa a vida, lançando mão de artimanhas e travessuras
visando a sua sobrevivência. O filho de camponês, no decorrer de suas
aventuras, é mostrado como mais astuto que os cidadãos da cidade, o que,
evidentemente, agrada sobremaneira aos camponeses e a todos aqueles que
se sentiam ridicularizados pelas classes dominantes. As histórias intentavam
proporcionar aos ouvintes ou leitores diversão em tempos difíceis,
caracterizados por problemas nas colheitas e graves tensões sociais na
estrutura política do Sacro Império Romano-Germânico. O autor descreve o
quotidiano do século XV com as suas diferentes classes sociais e
corporações de ofício. As travessuras que lhe são atribuídas podem ter a
sua origem no desejo de retaliação dos desprivilegiados contra as
classes mais abastadas.
Normalmente, as travessuras de Eulenspiegel baseiam-se
em piadas literalmente compreendidas ou no cumprimento literal de uma
ordem. Isto muitas vezes ocasiona um grande prejuízo ao “adversário” de
Eulenspiegel, mesmo que nem sempre proporcione vantagens ao nosso
“herói”. in 'O louco e o pícaro' de A. BRAGANÇA JÚNIOR.
A obra é constituída por um número variável de
histórias, que registam as picardias do personagem-título. A
primeira impressão que se conhece é feita em Estrasburgo no ano de
1519, provavelmente redigida por Thomas Murner sobre uma anterior
versão em baixo-alemão de 1483.
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3.Abr.2016
Publicado por
MJA
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